Dessins humoristiques

Petits plaisirs de la vie : le linge étendu

Oui, le linge étendu. L’étendre me plait moins. Mais le voir étendu, me satisfasse pleinement. Ça fait sentir bon dans la maisonnée. Ça fait « foyer vivant ». Ça fait que mes culottes et jupes se balancent. Ça met de la vie. Ça fait savoir s’il y a beaucoup de trop de vent. S’il fait chaud ou trop humide. Ça rythme le temps d’une journée. Ça fait sécher surtout.

Ça fait pas par contre bien parler français. Que dis je ?? Ecrire français !

M’en fous. Suis dans le fin fond de l’Ardèche à cette heure et pas un con à qui parler…Encore moins à qui écrire. Alors je me sers du progrès pour me croire entourée…Alors que suis tout simplement abandonnée dans la pampa ardéchoise, avec pour seuls amis, Internet et les limaces.

Sacrés morceaux de bestiasses ces escargots sans toit ni loi. Je les fais rouler sous mes claquettes. Elles se recroquevillent et d’un dernier coup de savate, je les dégage dans les herbes. Ça m’a occupé 10 minutes aujourd’hui. C’est déjà ça de gagné. Devoir devenir un tortionnaire de limaces pour passer ses journées. Si j’étais un ange, je leur aurais peut être appris à m’éviter.

Ohhhh ! Pauvre petite chérie abandonnée qui se fait du mal et qui étend son linge comme une mamie !

Donc mon linge, il sent bon. Il peut. Parce que ça fait deux fois que je le lave sans l’avoir remis entre deux lavages. Pourquoi ? Parce que je viens d’essuyer le plus gros orage que la planète Terre a connu et que même les pompiers devaient venir me chercher pour m’évacuer. Moi. Dans la nuit. Ou tôt le matin. En plein sommeil ou plein réveil, c’était comme ils voulaient mes pompiers. Le matin, les lèvres gonflées de ronflement et les cheveux en vrac à cause des barrettes que j’oublie systématiquement d’enlever ou le soir, fraîchement démaquillée, la peau glissante d’anti- rides. Bref, ils devaient venir, mais sont pas viendés.

Les timides qu’ils sont. Les insoumis qu’ils croient être. Rien que pour eux, je déclencherais bien à nouveau une tempête pour les voir m’enlever des griffes de l’Ardèche sortie, elle aussi, de son lit.

Mais elle ne s’est pas assez gonflée pour inquiéter mes sauveteurs. Juste assez pour m’inquiéter toute seule, moi, dans mon camping du Trou du Cul du monde.

Et pour me refaire faire une lessive aussi. Accessoirement puisque c’est le titre de ce récit.

Donc, vous aurez compris, il a beaucoup plu. Me suis posée la question de la nécessité ou pas de relaver mon linge après un cyclone ardéchois. Me suis tout de même surprise à me demander si l’eau de pluie était salissante…Et aussi, dans l’hypothèse où Dieu existe, seraient-ce ses larmes imprégnées sur mes culottes ? Des larmes de grosse colère qu’il aurait versées pour me faire comprendre à moi, que je pouvais, si je le voulais, l’avoir sur le dos indirectement. Ou sur le cul.

Si, tout ça, était un message divin ? Et si Dieu était ardéchois ? Pape du Trou du Cul du monde ? Je fais peut être partie en fait de ces pèlerins qui, depuis cet été, sont des miraculés d’arriver à bon port. Je suis à bon port. J’ai réussi ma lessive. Mais mon pompier n’est du coup pas venu.

Je l’imaginais pourtant fort, grand, intelligent, huilé, bronzé…Et mouillé. J’aurais pu, après l’accalmie, lui proposer de laver son linge, brosser ses bottes, astiquer son casque…Me réveiller le lendemain matin, blottie à ses cotés et apercevoir de notre lit douillé, sa combi sécher à coté de mon maillot de bain.

Mais bon, on n’y est pas. Le ciel et la rivière se sont calmés. Le vent s’est levé. Mon linge va vite sécher et les pompiers ont bien d’autres feux à éteindre que celui du Trou du Cul du monde. Et ce, même si je suis le monde.

dessin du texte le linge étendu
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