Un goût salé dans la bouche tout le temps qui me fait croire que j’ai la mer qui coule dans mon sang…par la salive elle essaie de s’en aller. Et si je la perdais, peut être que ma langue sentirait le fer de mon sang. Ou l’ail que j’ai mangé il y a trois jours.
Je dis bien trois jours, oui. Parce que mon corps VIT l’ail, voyez vous. Je transpire l’ail, je sens l’ail, j’éternue l’ail quand j’en mange une pointe. Ce qui rend mes moult dîners amoureux des plus cornéliens car, aimant les repas au bord de la mer – pour voir mon sang divaguer – ma bouche au dessus d’une assiette de seiches aillées à la plancha, la question du tout proche baiser se pose : qui voudrait d’une langue salée et frottée à l’ail ?…Sans parler d’une bouche avinée et clopante…Quand dois je embrasser ?
Avant ? Au risque que le repas soit bâclé par un Monsieur des plus pressé d’en avoir plus…Après ? Suis pas des plus provocante en pleine digestion…Je gonfle et le soutif doit être desserré…
Le plus féminin serait donc un baiser avant. Le plus épicurien, pendant. Le plus courageux, après.
J’en oublierai presque le désir de l’Autre…Qu’en pense t il lui de tout ça ? Pourquoi i mangerait pas la même chose que moi ? Qui est il en fait ? Est-ce qu’i m’aime pour de vrai ? Et pourquoi ?
En me débrouillant assez classiquement de la sorte, je devrais arriver à reporter la question du baiser…et du repas…les hommes n’aiment pas les questions. Les hommes ne m’aiment donc pas. Je suis une question sur pattes.
Mais le dîner fut tout de même maintenu au bord d’une plage – j’ai d’autres atouts que mes questions – et aucune seiche ne vit mes amygdales, remplacée par une salade, me promettant ainsi la plus insipide des pelles.
J’ai testé le Monsieur en lui disant que je faisais régime (mon cul oui !) pour justifier mon choix de plat et attendis la réponse qu’il me donna si naïvement : « mais tu n’as pas besoin de faire régime ». Sans blague. Je rêvassas alors qu’il me dise – juste après avoir englouti un dernier morceau de seiche – « mais bien sur que non que tu ne sens pas l’ail, ma chérie, ma beauté, mon amour pour toujours…et même si c’était le cas, sache que ni ail, ni oignon, ni camembert ou munster m’empêcheraient de te prendre la bouche ». (Tiens… « Prendre la bouche » ? Quelle délicate attention…).
Lui, il avait droit à une parillada de poiscailles…26 euros son assiette…il avait l’air de tellement se régaler…il en salivait a chaque mastication…un peu porc tout de même…Mais gourmand a la fois…Mœlleux, ils étaient ses poissons. Salaud.
J’avais fini ma salade depuis quelques temps qu’il n’avait pas encore attaqué la daurade. Le sel de ma bouche m’envoyait un message très clair : « ou t’as soif, ou t’as faim ». Ce fut mon estomac qui lui répondit ‘ » Elle a faim tu penses !! Depuis quand la Question sur Pattes ne bouffe qu’une salade au resto ??? ».
Ok. Message reçu Estomac de mon cœur.
La tête droite posée dans la main, draguant d’un regard de braise le monsieur affamé, je reluquais la corbeille de pain frais à ma droite…et a ma gauche, une petite porcelaine blanche contenant cette mayonnaise aux bons morceaux d’ail : l’aïoli que le Monsieur n’avait pas encore touché. Pourquoi, ce con, il n’en mange pas ?
– « Pourquoi Ducon, tu ne manges pas de l’aïoli avec ta parillada ? »
– « Parce qu’après je sens trop l’ail pendant 3 jours…Mais puisque on est juste pote, t’as raison, vais en manger ! ».
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